Critique de Twin Peaks : Fire Walk with Me - Page des fans de Twin Peaks
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Critique de Twin Peaks : Fire Walk with Me

Les derniers jours de Laura Palmer, avant qu’elle ne soit découverte enveloppée dans un sac plastique, sur une plage, un petit matin.
par Paul Grave

Si quelqu’un réussissait à me raconter l’histoire de Twin Peaks, Fire Walk With Me, de façon limpide, c’est la tournée du patron. L’attitude la plus saine consiste donc à se dire qu’on ne comprendra jamais les labyrinthes de David Lynch, et que le scénario de Dune, à côté, c’était du rectiligne, du facile, du bébé. Par rapport à Twin Peaks le feuilleton, l’angle a changé : moins cynique, moins rigolard, plus métaphysique. David Lynch confirme : il y a des niveaux de réalités différents, atteints en l’occurence grâce à la fameuse bague qui… la fameuse bague que… Bref, la fameuse bague que Chris Isaak trouve dans la première partie du film.

Comme d’habitude, David Lynch procède par à-coups, hérités de Eraserhead, où le cinéaste préfère donner libre cours à ses obsessions du noir, de la nuit, du mouillé, de l’horreur. Lorsque Laura Palmer et sa copine sont retrouvées dans un train, humiliées et battues, c’est la tendance nocturne de David Lynch, pas forcément la meilleure. En revanche, depuis Blue Velvet, le réalisateur s’ouvre au monde extérieur, petit à petit. Ainsi, la scène où Julie Cruise chante, dans une boîte de nuit, la terrible nostalgie du temps qui passe et de la jeunesse foutue, David Lynch, brusquement, devient touchant.

On connaît les bizarreries de David Lynch : la peinture, les collections d’objets étranges, sa passion de la numérologie, ses manies. Son monde,au cinéma, est peuplé de nains, de signes poétiques, d’indices ésotériques. Souvent, cet univers agit en contrepoint de l’Amérique quotidienne, donnant une sorte de relief humoristique à toutes ces cadillacs multicolores, ces jardinets anglo-saxons, ces télés allumées. Dans Twin Peaks le film, David Lynch en rajoute dans le décalage en jouant lui-même le grand manitou du FBI, sourd et débile, encore plus con que dans la série. David Bowie passe, Chris Isaak disparaît, et Laura Palmer émerge. Le film, au départ, faisait cinq heures, puis, dans sa version « serrée », trois. Il est, aujourd’hui, remonté en deux heures et quart. On y perd en compréhension, on y gagne en choc. Twin Peaks, c’est du concentré de David Lynch, du serré. Ceux qui n’aiment pas, on ne leur parle plus.

Paul Grave
Cinénews, mai 1992
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