Twin Peaks le château des Pyrénées - Page des fans de Twin Peaks
349775
post-template-default,single,single-post,postid-349775,single-format-standard,eltd-cpt-2.2,ajax_fade,page_not_loaded,,moose-ver-3.3, vertical_menu_with_scroll,blog_installed,wpb-js-composer js-comp-ver-7.5,vc_responsive

Twin Peaks le château des Pyrénées

Le Château des Pyrénées, c’est un célèbre tableau de Magritte dans lequel un morceau de falaise couronné d’un palais flotte au dessus d’une mer houleuse. Twin Peaks, c’est une série, c’est un film, c’est une oeuvre magistrale, c’est une histoire sans base, sans appui, sans repère.

Pourquoi parler de Twin Peaks maintenant, alors que la série n’est plus diffusée et que le film a quitté l’écran ? Parce que Twin Peaks, c’est pas de l’actu, c’est intemporel. Et qu’on en avait envie.

Twin Peaks, l’oeuvre que forment tous les épisodes, est un authentique joyau. D’une clarté irréprochable. Pour peu que l’on accepte de pénétrer dans le monde inventé par David Lynch. Bien sur, si l’on reste d’entrée réticent, ce n’est pas la peine. Tout devient possible et normal dès que l’on a compris les règles du jeu. Faut-il vraiment être un conno pour ne pas accepter que l’on puisse ramener des objets de ses rêves.

Le dernier épisode de la série, qui révélait les ficelles de la pensée lynchienne, avait déjà laissé sur le cul tous les fans du culte. On y apprenait tout sur le monde des rêves, sur les préoccupations de ses habitants, sur la vie en général de l’autre coté de la lucarne. Il aura fallu ce dernier opus (très cruel, Lynch y tue tous ses héros) pour pouvoir tracer la ligne reliant les vingt et quelques épisodes le précédant.

Le film fait le même effet. David Lynch marche à rebours. Cette fois plus que d’habitude, puisque cette notion de retour est carrément chronologique. On attendait de lui qu’il bâtisse le socle de cette superbe oeuvre bancale qu’est TP. Au lieu de ça, le film balance de nouveaux mystères, et en emberlificote d’autres un peu plus. Certes, on a des réponses, sur cette fameuse nuit de la mort de Laura Palmer en particulier, sur la disparition de son journal, sur ses rapports avec Bob / Leland avant de mourir, et sur les antécédents de ce(s) dernier(s).

En fait, il appose une pierre de plus à cet édifice planant.

On attendait de lui une véritable introduction, ou une sorte de conclusion à la série et il nous fait don d’un simple morceau de plus. Twin Peaks reste un milieu d’histoire. On n’en connait ni les origines, ni le dénouement. Ceux-ci peuvent d’ailleurs s’étendre sur des siècles. Il n’y a qu’à voir avec quelle facilité Lynch nous renvoie une année entière avant même le début de l’enquête Laura Palmer en traitant le cas Teresa Banks.

Twin Peaks est mieux qu’une histoire sans fin : c’est une histoire sans début. Et chaque tentative d’en fabriquer une conclusion nous renverra à un détail chronologiquement antérieur au commencement. C’est un suspense insoluble et intemporel.

David Lynch pourrait consacrer sa vie à Twin Peaks – Bouygues est bien assez riche pour ça, non ? Il peut broder à l’infini sur son thème, en travaillant sans se soucier du temps. Car personne ne se soucie du temps chez lui. Les personnages se croisent avant de se rencontrer, se connaissent alors qu’ils ne se sont jamais vus, dialoguent entre morts et vivants, disparaissent d’une seconde à l’autre. Chaque situation amenant un nouveau personnage, il pourrait remonter le temps jusqu’à la préhistoire s’il le souhaitait, ou faire patauger l’affaire Palmer jusqu’au XXXème siècle.

Il pourrait s’amuser à inventer des contes du monde noir. Il est inimaginable que le nain from another place et l’affreux BOB ne s’en soient pris qu’aux habitants de ce petit village au bord de la frontière canadienne et à quelques membres du FBI.

Twin Peaks est un chef d’oeuvre qui ne connait pas de limite, qui pulvérise toutes les frontières moralistes du rationalisme, qui désagrège toutes les idées reçues sur la science-fiction et les mondes parallèles.

Qui plus est, un chef d’oeuvre filmé d’une main de maitre, accompagné d’une musique elle aussi hors du temps, servi par des comédiens qui ne pourront jamais se défaire de leurs personnages. A leurs morts, on ne se rappellera que de ça.

Mask Guido?
Tags:
No Comments

Sorry, the comment form is closed at this time.